L’installation en habitat léger relève parfois du parcours du combattant mais des communes susceptibles de vouloir innover ou sensibles en enjeux écologiques favorisent et encouragent l’accueil de projets d’habitats alternatifs.

Il y a quatre ans, Constance Canivet et Jules Butaeye ont quitté leur maison de ville et se sont installés dans une yourte, sans eau, ni électricité. Soutenu par la commune de Merville-Franceville Plage en Normandie, le couple investit un terrain boisé agricole d’environ 7 500 m2 pour y développer un projet de « jardin-forêt pédagogique », exploité en permaculture. L’objectif étant de pouvoir ouvrir le lieu à tous et d’y accueillir notamment des publics sensibles (enfants, personnes en situation de handicap). Si le projet séduit la mairie qui leur a mis à disposition ce terrain, le département refuse tout simplement leur installation. Constance Canivet et Jules Butaeye souhaitent construire leur propre habitat sur la parcelle : une « maison de hobbit », en terre paille semi-enterrée. Problème ? Non seulement le terrain n’est pas constructible mais il est concerné par la loi littoral de 1986 et se trouve à quelques mètres d’un bâtiment historique. Autrement dit, tous les voyants sont au rouge.

« Une avancée majeure »

Soutenus par la commune qui leur permet de rester sur la parcelle, Constance Canivet et Jules Butaeye continuent de proposer leur projet qui sera examiné par six commissions départementales. « On a expliqué que notre maison n’était juste qu’un endroit où dormir mais une cuisine laboratoire pour transformer ce qu’on produisait sur site », assure Constance Canivet.

Le combat administratif dure trois ans avant que le maire de la commune ne finisse par solliciter le sous-préfet et qu’une dérogation soit accordée. Cette dernière précise alors que la permaculture est « une méthode d’agriculture planifiée consistant à concevoir un système agricole productif exploitant au mieux les caractéristiques des écosystèmes naturels » et que « l’habitation est indissociable de l’écosystème ainsi mis en place ». Le caractère exceptionnel de cette dérogation préfectorale serait ainsi « une avancée majeure » pour Jonathan Attias qui milite au quotidien pour faire changer les lois en faveur de l’habitat léger.

L’habitat léger encouragé par les mairies

Si le projet de Constance Canivet et Jules Butaeye est en mesure de voir le jour, c’est en partie parce qu’il a été porté par un édile désireux de le voir aboutir. En effet, les lois ne permettent pas toujours de favoriser l'accueil d’habitats légers et réversibles, surtout dans les zones non constructibles mais certaines communes ont un rôle à jouer et encouragent l’innovation. C'est ce que Gaël Debros a compris en quittant son appartement pour opter pour un mode de vie minimaliste en tiny house. L’Alsacien a trouvé très rapidement un terrain constructible et une commune intéressée par son projet d’habitat autonome. “Je suis arrivé avec la proposition de faire du bénévolat pour les associations locales”, explique-t-il.

Pour éviter les freins à l’installation en habitat léger, l’important pour Gaël Debros est de regarder “l’étiquette politique” du maire, tout en proposant des services à la commune. En faisant du maraîchage une demi-journée par semaine, la mairie d'Ungersheim (très largement portée sur la transition écologique) a mis à disposition un terrain à Gaël Debros, au sein d’un éco-hameau. “Il n’y a pas d’argent qui a été mis en jeu”, précise-t-il. “Pour moi, la clé de la réussite quand on veut vivre en habitat alternatif, c’est d’arriver quelque part avec un projet et au minimum avec des contreparties avec celui qui est censé vous accueillir”.

Hameaux Légers qui propose des offres d’installation collective en habitat réversible travaille ainsi de concert avec les mairies susceptibles d’encourager ce type de projets. “Les collectivités qui nous contactent veulent proposer des alternatives à l’offre de logements qu’elles ont”, souligne la présidente de l’association, Angéline Broust. Cette “envie d’innover” de la part des communes et de limiter leur impact environnemental est finalement une opportunité d’attirer de nouvelles populations et de redynamiser les territoires.