Les « Monts gardés » c'est un ancien village gallo-romain qui tire son nom du moyen-âge (protéger les monts). Agnès Sourisseau est la gestionnaire informelle du site. Informelle car elle mène ce projet en agro foresterie sans être officiellement mandatée. C'est une des originalités de ce projet agro forestier de 35 hectares arrosé par les seules eaux de pluie.

Agnès Sourisseau est d'abord prestataire pour la SNCF qui réalise sur le site à la fin des années 90 les travaux d'aménagement du TGV Est. Le site est aussi une base vie de chantier. A la fin du chantier, la SNCF plante des arbres selon la méthode du paillage plastique (de longues étendues d'arbres plantés couvertes de plastique pour favoriser la pousse). Mais pour Agnès Sourisseau "on ne peut pas recouvrir la France de plastique". Elle se lance alors dans un projet qui consiste à planter des arbres en semis. Des graines. Sauf que reboiser des forêts à partir de semis est une pratique qui a disparu. Elle ne bénéficie d'aucune littérature sur le sujet et doit faire avec les moyens techniques du bord . Quelle quantité de graines faut-il par exemple pour reconstituer une chênaie ? Trois ans d'expériences lui seront nécessaires pour parfaire sa technique. Elle constitue 200 parcelles qui reprennent l'organisation agro pastorale de l'ancien village gallo-romain (pourquoi tout réinventer quand tout l'a déjà été se dit-elle).  Des parcelles en lin, en chanvre, en chênes... tant et si bien qu'elle rédige un guide de reconnaissance des arbres jeunes (qui fait aujourd'hui référence) tant il est compliqué de reconnaitre une multitude de pousses différentes tout au long de leur croissance.

Si la préservation des arbres est importante, le défi pour Agnès Sourisseau est surtout de planter des jeunes arbres avec un système racinaire digne de ce nom (le plus compliqué à réaliser car les 5 premiers cm sont déterminants car ils concentrent les nutriments, de moins en moins présents dans nos terres constamment travaillées). Chaque parcelle est connectée à de la prairie, des lisières, réserves de biodiversité fondamentale car plus on a une gestion animale plus la biodiversité est favorisée. A titre d'exemple, le souffle animal concentre de nombreuses cellules vertueuses. Les linéaires d'arbres assurent la nourriture des poules. Car contrairement à ce que l'on peut penser, les poules sont des oiseaux perchés qui se nourrissent en hauteur.