Après une vie dans le marketing et l’entrepreneuriat, Camille Gicquel se bat désormais pour la mise en valeur de sa ville, Argenteuil, dont elle est adjointe déléguée à l’urbanisme, et du nord-ouest francilien, en tant que vice-présidente de l’EPT Boucle Nord de Seine.

« Si vous avez l’occasion de venir à Argenteuil, allez à la butte d’Orgemont, en famille, un dimanche. Une guinguette y a été ouverte. Vous aurez alors devant vous le plus beau panorama sur la métropole du Grand Paris, voire sur la région d’Île-de-France. Et vous comprendrez ce qui fait la grandeur de la ville, avec sa variété de paysages. » En quelques mots, on comprend que pour Camille Gicquel, Argenteuil est bien plus que sa ville d’adoption. C’est une passion.

Originaire du Morbihan, la jeune femme arrive en région parisienne il y a maintenant 8 ans, dans le cadre de stages. Après des études de commerce et de marketing réalisée à l’école Atlantique de commerce de Nantes, entrecoupées par un passage par les États-Unis, elle rejoint Argenteuil, un peu par hasard, mais également par coup de cœur, retrouvant dans la sous-préfecture du Val d’Oise un peu de la nature et de la campagne dans laquelle elle a grandi.

Le marketing, porte d’entrée vers l’urbanisme

L’un des avantages du marketing est qu'il permet de toucher à tous les secteurs d’activité. Camille Gicquel ne fait donc pas exception. Hôtellerie et événementiel au sein du groupe Accor, restauration chez LaFourchette.com (qui en était alors à ses balbutiements), médias chez RTL et L’Express, immobilier et urbanisme chez Habiteo... Avec à chaque fois des interactions avec différents acteurs. Une compétence qui lui est d’ailleurs toujours très utile aujourd’hui dans ses activités d’édile.

« Habiteo a été ma première expérience dans l’urbanisme. Mais j’ai un intérêt pour l’architecture et la ville depuis très jeune. D'abord peut-être en tant que fantasme parce que j’ai grandi en milieu rural. Mais aussi grâce à l’ouvrage que m’avait offert ma mère, enfant : Copain des villes ! En grandissant, cet intérêt pour la chose urbaine, sa fabrique et son administration, puis l’immobilier, n’ont fait que croître au fil du temps.» Maintenant qu’elle est adjointe déléguée à l’urbanisme, à l’aménagement et aux projets urbains d’Argenteuil, on comprend que cet intérêt a dépassé le simple statut de hobby.

De l’investissement civique à la politique

Cet investissement politique commence simplement, alors que Camille Gicquel s’installe dans la ville. Tous les ans, elle prend l’habitude de nettoyer la friche se trouvant en face de chez elle des détritus qui s’y accumulent. De fil en aiguille, le syndicat Azur et le cabinet du maire offrent leur aide, des visites du quartier officielles sont organisées, jusqu’à un coup de téléphone lui proposant de rencontrer Georges Mothron, Maire d’Argenteuil.

« C’est quelqu’un qui aime sa ville, de très pragmatique et très ouvert d’esprit. Au gré de nos échanges, j’ai participé à son programme de campagne de 2020, puis à être inscrite sur sa liste... À l’issue du deuxième tour, on m’a annoncé que j’allais devenir adjointe à l’urbanisme. » L’élue s’adapte rapidement et découvre l’ampleur de son pouvoir d’action pour le bien de la ville. D’ailleurs, pour se consacrer pleinement à son mandat, elle quitte Habiteo en juin 2022.

Trois enjeux pour Argenteuil

Car avec 110 000 habitants et un positionnement de 3eville d’Île-de-France, il y a fort à faire. « Un des enjeux principaux est la reconquête des berges de Seine, auxquelles on a finalement peu accès. C’est un enjeu important d’amélioration du cadre de vie, car on veut que les habitants se réapproprient ces espaces. Cela passera par de l’aménagement, évidemment, mais également par la percée d’allées et de venelles offrant une vue sur le fleuve. »

Dans le même esprit, la création de coutures urbaines est au cœur de la rénovation urbaine de la ville. Traversée par la voie ferrée comme par un tronçon de l’A15, Argenteuil est découpé par des frontières physiques qui se sont transformées en frontières mentales : « Certains habitants des périphéries de la ville disent “Je vais à Argenteuil” lorsqu’ils se rendent dans le centre-ville. En créant des continuités par des cheminements piétons, ou une végétalisation transversale, on multiplie des connexions qui construisent un vivre ensemble. »

Enfin, le troisième chantier urbain majeur actuel concerne l’industrie, moteur économique historique de la ville. « Trois pôles d’activité sont en cours de développement ou redéveloppement : le Val d’Argent Nord, le Pôle Gare et le Pôle Porte Saint-Germain/Berges de Seine, qui bénéficie d’un accompagnement de renouvellement urbain sous contrat d’intérêt national. Nous voulons en faire une ville parc, mélangeant logements, équipements publics et de loisirs, et industrie, notamment de l’artisanat, de la petite production, des startups productives... »

La Boucle Nord de Seine : s'épanouir hors de Paris

Par ailleurs, Argenteuil est un des acteurs majeurs de l’EPT Boucle Nord de Seine, où siège également Camille Gicquel en tant que vice-présidente à l’attractivité économique et à l’accompagnement des entreprises. Outre Argenteuil, l’EPT réunit les communes d’Asnières-sur-Seine, de Bois-Colombes, de Clichy-la-Garenne, de Colombes, de Gennevilliers et de Villeneuve-la-Garenne, soit 450 000 habitants, dont un tiers est âgé de moins de 30 ans. Grâce au port de Gennevilliers, premier port fluvial de France, le territoire est également la principale interface de la métropole parisienne avec l’Atlantique.

« Là aussi les enjeux sont énormes, puisqu’il est question de réindustrialisation, de souveraineté économique et énergétique, de créations d’emplois, d’attractivité pour les entreprises, de formation... Ce sont des projets transverses que l’on mène en bonne intelligence avec l’ensemble des acteurs impliqués. Car si seul on va plus vite, ensemble, on va plus loin. » Là encore, de nombreux acteurs allant des entreprises privées à l’État en passant par les communes, le Grand Paris, la CCI... sont impliqués pour mettre en œuvre un ambitieux PLUI pour ne pas être vu comme le dortoir de la Défense ou la plateforme logistique de la capitale.

« Aujourd'hui, les entreprises du territoire recrutent énormément. Il y a une demande à un recrutement local, et une main d’œuvre qui fait le choix de vivre dans la Boucle Nord de Seine parce qu’elle offre un cadre de vie à mi-chemin entre ville et campagne. On a des pépites et des habitants qui y tiennent. »

L’identité argenteuillaise

Cet attachement aux spécificités des villes de la Petite Couronne peut sembler anodin depuis Paris, où quasiment toute l’attention est portée sur la capitale, et d’où les villes de banlieue sont souvent indistinctes les unes des autres. Mais c’est oublier qu’Argenteuil et bien d’autres ont leurs propres identités, qui font la fierté de leurs habitants.

« Si vous remontez l’avenue Gabriel Péri, vous croiserez forcément des habitants qui vous diront “Moi, je suis né là, je suis Argenteuillais de sang !”. La ville a une histoire riche où se croisent Héloïse et Abélard, les impressionnistes, de grands noms de la Résistance, la Sainte Tunique... On a aussi un patrimoine gastronomique avec l’asperge - les œufs accompagnés d’asperges servis à bord du Titanic étaient d’ailleurs nommés “œufs à l’Argenteuil” - la figue blanche... Saviez-vous que le terme “picoler” venait du piccolo, un cépage local ? »

Toutes ces anecdotes soulignent l'identité propre d’une ville forte. Car Camille Gicquel de conclure : « Historiquement, une ville est un espace regroupant des individus originaires d’horizons différents, suivant des règles communes de cohabitation. La ville, c’est la vie ! Elle n’est rien sans ses citoyens, qui construisent son identité, et lui permettent de rayonner. »